« Le bureau est devenu un signe ostentatoire de richesse » : les espaces de coworking de luxe, appât pour jeunes talents

Admirez la vue sur la tour Eiffel et les monuments emblématiques de Paris depuis le rooftop de Kwerk. Magnifiez naturellement votre teint et votre chevelure grâce à l’atelier colorimétrie de Deskopolitan. Chez The Bureau, faites réaliser votre costume sur mesure. Puis retournez travailler. Car oui, vous êtes bien dans des espaces de coworking, même si le terme y est banni. Ici, on fait du « haute couture office ». Là, on évite de prononcer le terme « bureau », on parle plutôt de « suite ». Partout, on propose aux occupants une expérience de travail « unique », inspirée de l’univers du luxe.
« La tendance aujourd’hui, c’est : “Montre-moi où tu bosses, je te dirai qui tu es” », résume Laurent Geneslay, fondateur de The Bureau. Cet ancien tradeur a quitté le monde de la finance en 2015, avec l’objectif de bousculer les codes des bureaux. Les espaces de coworking traditionnels ne correspondent plus aux aspirations d’une nouvelle génération soucieuse de promouvoir le bien-être au travail. « J’ai voulu dépoussiérer les centres d’affaires, avec leur tour monoactivité et leur routine métro, boulot, dodo. J’ai imaginé un espace haut de gamme, dans une localisation centrale, avec une belle déco, des services à la clé pour que les occupants n’aient rien d’autre à gérer que leur travail, et un bon restaurant pour négocier autour de la table », explique Laurent Geneslay.
The Bureau voit le jour en 2017 dans le « triangle d’or », en plein 8e arrondissement de Paris. Le réseau compte désormais quatre adresses, plébiscitées par près de deux cents entreprises, avec des prix allant de 500 à 1 000 euros le poste par mois, détaille Laurent Geneslay : « Aujourd’hui, on visite les espaces de coworking comme on explore un hôtel. Intégrer un de ces établissements premium, c’est un peu comme rejoindre un club : on paie pour en être. On poste des photos de son bureau sur les réseaux sociaux. Comme les habits ou les voitures, le bureau est devenu un signe ostentatoire de richesse. »
Et un appât à jeunes diplômés. En 2023, Laurent da Silva, ancien directeur talents chez LinkedIn, monte son cabinet de conseil en recrutement, et compte bien attirer les meilleurs consultants. Il visite plusieurs espaces de travail et mise sur Kwerk. Fondée en 2015, cette « collection de bureaux d’exception » se décline sur quatre adresses qui accueillent une clientèle premium – cabinets d’avocats, de conseil, fonds d’investissement, maisons de luxe – prête à dépenser 2 500 euros en moyenne chaque mois pour un poste de travail.
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